Léa et Juliette nous parlent du futur lycée.

Jean Pierre Ruaut, maire de Hanches, a sollicité Patricia Buse, Directrice du relais jeunes de la Communauté de Communes des Portes Euréliennes d’Ile de France pour aller à la rencontre des jeunes engagés dans la réflexion du futur lycée de Hanches.

 

 

Le COMU : A l’initiative de la région Centre-Val de Loire, un processus participatif a été mis en place durant la phase de conception du lycée de Hanches, permettant d’identifier des usages, de formuler d’éventuels besoins et attentes, de qualifier des ambiances et d’évoquer des idées sur l’aménagement des structures. Un comité d’usage (COMU) a été ainsi mis en place, composé d’un groupe de personnes choisies, jeunes, adultes et professionnels pour participer à cette phase de conception du lycée

 

 

 

Jean Pierre Ruaut : Bonjour Léa, bonjour Juliette.

 

Léa Moranzoni : Bonjour monsieur le Maire, je m’appelle Léa Moranzoni et j’habite la commune de Hanches. Je suis en Terminale générale, spécialité littéraire au Lycée Jean de Beauce de Chartres.

 

Juliette Van Capelle : Bonjour monsieur le Maire, je m’appelle Juliette Van Capelle et j’habite Epernon et je participe au groupe de travail du comité d’usage (COMU) du futur lycée de Hanches avec Léa.

 

Jean Pierre : Je trouvais intéressant de prolonger la réflexion actuellement menée au sein du COMU avec des jeunes qui rentreront dans le futur lycée et des lycéens pour exprimer leurs besoins, sous forme de témoignages que nous pourrions relayer dans le journal trimestriel de la commune. Il est important, à ce moment de l’année où les travaux n’ont pas encore commencé, de montrer à la population hanchoise que ce lycée prend en compte les attentes d’un certain nombre de futurs lycéens.

C’est donc l’occasion de présenter vos participations au sein de ce COMU mais aussi, en tant que jeune sur le territoire, de savoir ce que vous pensez de ce lycée, de la manière dont on vous sollicite pour avoir votre avis, et ce que vous espérez à terme de ce lycée sur le territoire où vous vivez.

 

Juliette : Déjà, je trouve essentiel qu’il y ait des jeunes qui participent au COMU parce que les adultes ne pensent pas à tout. En tant que jeune, on a un esprit et un regard différents sur ce projet. On peut apporter des choses auxquelles les adultes ne pensent pas. C’est vrai que j’étais très partante sur cette démarche et celle-ci m’a vraiment tenu à cœur. C’est vraiment hyper intéressant car cela forge notre esprit critique.

 

Léa : En fait, j’étais très motivée par rapport à cette démarche participative. Déjà de voir un lycée sur ma commune, cela me motive beaucoup, ainsi que de pouvoir participer et de donner mes idées sur la construction. J’aurai adoré que, pour mon lycée, on fasse la même chose. Ma petite sœur pourra rentrer dans ce lycée et, si je peux faire quelque chose pour qu’elle soit dans un environnement favorable ... En plus, je suis investie dans la vie associative depuis longtemps et, quand on m’a proposé ce projet, j’ai trouvé cela génial. Je trouve vraiment intéressant que l’on demande l’avis aux élèves. Cela n’arrive pas souvent.

 

Jean Pierre : Léa, tu es dans le milieu associatif ?

 

Léa : Oui, je suis au CAH (comité d’animation) de Hanches et aussi à l’AEDAH. Au collège, j’étais investie aussi au CDJ, le conseil départemental des jeunes. On allait une fois par mois à Chartres et on faisait des propositions pour le collège d’Epernon sur des projets.

 

Jean Pierre : Juliette, toi tu es en classe de troisième actuellement ?

 

Juliette : Oui c’est cela, à Epernon, au collège Michel Chasles. La rentrée dans le nouveau lycée se fera en 2022 ?

 

Jean Pierre : Non, elle est prévue en septembre 2023. Elle commencera dans un premier temps par les classes de seconde. Cela signifie que tu ne seras pas concernée et on ne va pas t’encourager à redoubler. En 2024, suivront les classes de première.

 

Juliette : Cela va se décaler à chaque fois.

 

Jean Pierre : Et en 2025, la rentrée des terminales.

 

Juliette : Il n’y a que ceux qui sont en 5ème actuellement au collège qui pourrons rentrer en classe de seconde.

 

Jean Pierre : Exactement, c’est bien cela. Comment fonctionne ce comité d’usage COMU ?

 

Léa : Je n’ai participé qu’à un comité sous un format visio. Au début, on est rassemblé en séance plénière, on est alors une quarantaine de personnes. Puis on est divisé en petits groupes par thème de travail, par exemple la cantine, le sport. Sur chacun des thèmes, il y a un représentant du projet plus les usagers. On échange, on débat, on fait des propositions puis on en fait une synthèse en retour en séance plénière.

 

 

Jean Pierre : Quel regard portez-vous sur ce lycée ?

Léa : Ce qui m’a marqué, c’est la prise en compte de l’environnement pour ce lycée. Le fait que l’on a pensé à l’empreinte carbone, à la partie écologique. Je trouve cela génial car il y a beaucoup d’espaces verts, un parc, la gestion de l’énergie renouvelable avec des cellules photovoltaïques. Si l’écologie avait été beaucoup moins prise en compte, j’aurai aimé travailler sur ce sujet. Finalement, c’est très bien géré.

 

Juliette : Il y a de nombreux paramètres à prendre en compte. Au début, quand on m’a présenté ce projet, il y avait beaucoup de choses, plein de bâtiments avec de nombreux coins. Cela me semblait brouillon au début et c’est vrai que j’avais du mal à me retrouver mais maintenant que je connais ce lycée, je trouve que l’architecte est super. Il a vraiment conçu un espace de vie où il sera agréable de vivre.

 

Jean Pierre : Je comprends que pour toi le point positif est la vision qu’a eu l’architecte dans ce choix de vie et pas uniquement dans un regard uniquement fonctionnel.

 

Juliette : Oui, quand j’ai vu le projet, j’ai compris que c’est un lieu de vie et pas uniquement formaté pour l’éducation. On a beaucoup parlé des espaces de vie, des espaces communs et c’est agréable aussi dans un lycée de ne pas penser uniquement aux cours mais que l’on se sente bien pour apprendre et évoluer.

 

Jean Pierre : Tu peux me donner un exemple sur ce qui t’a marquée justement sur ces lieux de vie ?

 

Juliette : C’est que l’on pense à chacun. Que dans chacun des lieux de vie, on pense par exemple à ceux qui ont besoin de se reposer avant un examen ou ceux qui ont besoin de bouger. Il est important de prendre en compte toutes les personnalités des élèves et cela m’a beaucoup plu.

 

Jean Pierre : Concrètement, si tu veux préparer une évaluation au calme ?

 

Juliette : Nous avons à disposition des espaces calmes pour travailler mais aussi des espaces où je peux bouger pour calmer mon stress. Il y a aussi des espaces à l’extérieur dans le parc. Je peux aussi aller à la cafeteria. Les espaces restent ouverts.

 

Jean Pierre : La cafeteria restera ouverte ?

 

Juliette : C’est encore des choses qui restent à définir mais à priori cela reste possible.

 

Jean Pierre : C’est la liberté que tu exprimes.

 

Juliette : Oui, c’est de prendre en compte toute les personnes et les personnalités.

 

Léa : Je suis très intéressé par les lieux d’échange et de partage. On peut citer l’Agora qui est un lieu de rencontre. Cette salle sera grande et très lumineuse et sera un point central dans le lycée. Elle sera accueillante et cela donne vraiment envie d’y aller et d’y rester. C’est un lycée de rêve. Il y a aura de la vente de nourriture, un verger, des lieux de vie. Le midi on pourra aussi manger dehors dans le parc. On est plus sur un campus universitaire que dans un lycée mais attention la politique de l’établissement comptera pour beaucoup dans la vie du lycée.

 

Jean Pierre : Tu as raison Léa, c’est un vrai sujet. La politique de l’établissement devra s’inscrire dans la continuité de ce projet.

 

 

Jean Pierre : Pouvez-vous nous donner des exemples de propositions d’amélioration qui ont été retenues lors de ces COMU ?

 

Léa : Mon groupe de travail portait sur la détente et le sport. Sur un des bâtiments du lycée, il y aura une terrasse couverte et on s’interrogeait justement sur son usage. On a alors fait des propositions pour que ce lieu soit un endroit pour l’organisation d’expositions éphémères, des expos des élèves par exemple. Ils ont pensé alors à installer des ancrages pour pouvoir mettre des grilles mobiles.

 

Jean Pierre : Finalement on part des idées des usagers pour concevoir des bâtiments adaptés aux besoins.

 

Léa : Oui, pareil pour le stade, un parent d’élève a posé des questions sur la conformité des dimensions du stade.

 

Jean Pierre : Oui, c’est pour la mutualisation des terrains avec les extérieurs. L’idée est que ces infrastructures soient utilisables par les associations sportives du territoire. Il faut donc qu’ils soient adaptés aux compétitions officielles.

 

Juliette : Dans mon groupe, on parlait des aménagements extérieurs et ils n’avaient pas pensé à mettre des bancs pour se reposer. Pour les jeunes, c’est hyper important.

 

Jean Pierre : Oui, des bancs devraient être installés sur les coursives, autour du stade et sur la terrasse du bâtiment. L’idée est que ces lieux ne soient pas uniquement des lieux de passage mais aussi des lieux de vie.  Es-tu au courant des infrastructures spécifiques qui seront dans ce lycée ?

 

Juliette : Oui, il y aura un internat, un gymnase et une salle polyvalente. Il y aura aussi des logements de fonction pour les enseignants, un fablab et une classe fertile.

 

Jean Pierre : Cette classe fertile sera située au deuxième étage. On donne ainsi aux élèves l’opportunité de mettre en place des expériences ou de réaliser des semences en permettant à chacun de faire sa propre récolte. Léa, peux-tu nous parler du fablab ?

 

Léa : Le fablab est un laboratoire de fabrication. Il sera ouvert aux entreprises locales pour favoriser les échanges et la formation. Souvent les filières techniques ont peu d’outils, voir le strict minimum. Dans ce lycée, les élèves disposeront d’outils numériques pour leurs projets comme des imprimantes 3D. C’est vraiment un plus.

 

 

Jean Pierre : Avez-vous relevé un point négatif durant ces COMU ?

 

Juliette : Finalement, on n’a pas parlé des salles de cours mais plus de ce qu’il y a à côté.

 

Jean Pierre : Peut-être que justement, ils ont souhaité séparer la partie qui va être de la responsabilité des professeurs et de la gestion du lycée. Si tu regardes la vidéo (disponible sur le site de la mairie), il y aura la possibilité de retirer des cloisons pour agrandir et ajuster les salles de cours en fonction des besoins. Le système a justement été conçu pour éviter les murs porteurs. 

 

Juliette : Ce que j’ai retenu du dernier COMU est que l’on allait beaucoup dans les détails. On pense déjà à la couleur des murs, le dimensionnement et le positionnement des éclairages. C’était surprenant car rien n’est encore construit. On n’a pas encore posé la première pierre que l’on parle déjà de la couleur des murs de la cafétéria. Cela m’a beaucoup amusée.

 

Jean Pierre : Cela va être vu au cours du quatrième COMU où il y aura des choix à faire entre une solution et une autre en tenant compte de ces éléments matériels comme les meubles, les installations, les couleurs. Toutes ces réflexions vont alimenter au final leurs différentes propositions.

 

Juliette : Et il y aura deux projets à choisir et on va voter pour celui qui nous semble le plus adapté.

 

Jean Pierre : Effectivement, cela va se passer sous forme de vote. Lors du prochain COMU, il y a aura plus de jeunes et d’enseignants dans les groupes de travail car ce sera un COMU décisionnel par rapport à deux propositions qui seront présentées.

 

 

Jean Pierre : Quel regard portez-vous sur l’accès au lycée, le cheminement piéton par exemple ?

 

Léa : Ce que j’ai entendu c’est qu’il y aura une place très importante faite au vélo et que le lycée sera très bien desservi. En fait, quand j’ai su que le lycée serait sur Hanches, ma première réaction était de penser que cela ne serait pas si simple et puis finalement, en consultant la vidéo de présentation du lycée, cela ne devrait pas poser de problème.

 

Juliette : On avait parlé lors du dernier COMU de l’accès du lycée par la rue ou par bus. Pour les élèves qui viennent en train cela me semble assez loin, il faudra des bus.

 

Jean Pierre : Oui, les bus seront surtout pour les liaisons transversales c’est à dire à partir de Nogent-le-Roi, de Gallardon ou encore d’Ecrosnes. Il y aura 12 bus qui tourneront régulièrement en fonction des besoins.  Mais il n’y a pas que les bus car il y a aura aussi des étudiants qui viendront par le train, en voiture ou en vélo. Pour ceux qui viendront en voiture, il n’y aura pas de problème car la route sera adaptée. Pour ceux qui viendront à pied ou en vélo, il existera un cheminement doux sécurisé intégrant une piste cyclable sur la D906 du centre d’Epernon, de la gare vers le lycée.

 

Juliette : Et à l’entrée du lycée, il y aura un endroit pour poser les vélos ?

 

Jean Pierre : Oui, il y aura même des bornes pour recharger les batteries.

 

Jean Pierre : Et si l’on parle de la relation entre la commune et le lycée …

 

Juliette : le lycée ne semble pas beaucoup intégré dans la ville. J’ai l’impression que l’on a vu le lycée comme si c’était un monde à lui tout seul et que les liens avec l’extérieur n’étaient pas finalement énormes.

 

Jean Pierre : C’est une bonne chose pour toi ? On comprend que le lycée ressemblera à un campus.

 

Juliette : On pourrait avoir plus de lien avec l’extérieur. Si j’ai 4 heures entre deux cours j’aimerais pouvoir sortir en ville.

 

Léa : Oui, même si le lycée sera accueillant, il y aura forcément des heures de pause et les jeunes voudront sortir à l’extérieur. Même s’il y a un super parc, c’est plus sympa de sortir. C’est là où il faudra des lieux de rencontre et d’échange sur la commune. Des lieux accessibles aux jeunes avec des espaces verts aménagés. Normalement, il y aura des jeunes autour du terrain de tennis, du city-stade, dans la prairie ou sur le parcours de santé. Cela fait du bien de sortir et de trouver des espaces ombragés comme le bord du cours d’eau qui est très proche du lycée.

 

Jean Pierre : Il ne faut pas oublier qu’existe le projet du cœur de ville de Hanches qui a débuté cette année. Il sera important de relier la ville au lycée.

 

Léa : Il est possible que la localisation du lycée à Hanches attire beaucoup de monde mais cela va dynamiser la commune avec le cœur de ville et c’est vraiment une chance. Il faudra des lieux de vie et de regroupements. Il manque un lieu fermé pour l’hiver. Ce serait bien de trouver un café pour les jeunes et dans leur budget.

 

Jean Pierre : Finalement, on retrouve dans vos propos cette volonté de vouloir vivre à l’extérieur du lycée et de se retrouver dans des lieux différents. C’est une idée assez commune entre les jeunes.

 

Juliette : Oui, c’est vraiment ce que l’on pense. Le lycée est génial mais cela reste un lycée même si c’est le plus beau du monde. Avoir un lycée proche de chez soi, c’est vraiment une chance car aller à Chartres c’est plus d’1 heure en bus. Si je dois marcher 10 minutes le matin cela ne me dérange pas.

 

 

Jean Pierre : Est-ce que vous-pensez que les jeunes auront conscience de la chance d’avoir un lycée de ce type ?

 

Juliette : Il faudra leur faire comprendre que l’on n’a pas fait un lycée en 1 ou 2 mois mais qu’il y a eu une démarche énorme derrière et que l’on a beaucoup pensé au projet. On a fait tout cela pour eux et il faudra qu’ils respectent le travail réalisé, les locaux et les gens qui y travaillent.

 

Jean Pierre : Effectivement, c’est une des premières fois en France où l’on réfléchit de cette façon-là avec la mise en place d’un COMU dès la phase de conception. Habituellement, on pense murs, parpaings, un peu écologie mais jamais on ne pense « usager » et de la façon dont les uns et les autres vont vivre et évoluer à l’intérieur de ce lycée. C’est ce qui est novateur dans ce projet.

 

Juliette : C’est vraiment le point que j’ai apprécié. Il est important de ne pas exclure des groupes de personnes et de réfléchir ensemble.

 

Léa : Ce lycée sera un changement de vie pour les prochains étudiants. Sa localisation sur Hanches est un vrai confort et dynamisera la ville.

 

Jean Pierre : Léa, Juliette, nous vous remercions pour ces échanges et vous souhaitons une bonne continuation dans vos études.

 

 

(Échanges réalisés les 13 et 22 mars 2021)

 

Lien vers la vidéo de présentation du projet de lycée sur le site de la mairie de hanches https://www.ville-hanches.fr/pages/le-futur-lycee-de-hanches-93.html